
Poésie musicale
J'oreille en bloc

MAO
Extraits mp3 du livre album à venir
" J'OREILLE EN BLOC "
Piaf
Je suis la fille du volcan Khorgo de Mongolie
Pourquoi pas
J'aime imaginer
Le silence
L'odeur des chevaux
Des peaux
De l'herbe
Du vent
Du sang
Le froid cruel
L'immensité
Le vide
J'aime imaginer Piaf chantant au pied du volcan Non rien de rien non je ne regrette rien
Je mettrais volontiers quelques cerisiers juste à côté par gourmandise
Une odeur de café me guiderait vers une yourte blanche aux portes de bois décoré
Quelques chants diphoniques et hypnotiques mêlés aux cris joyeux d'enfants libres
Devine les steppes de Mongolie mon enfant et ce cheval qui t'attend
J'aime imaginer un manège de yourtes qui danserait sous mes yeux de fillette
Mes doigts innocents et sucrés sur une barbe à papa
Le bon temps où les yeux et le cœur se mélangent encore
Vingt six avril mille neuf cent quatre vingt six
Piaf pleure
Les cerises ont des vers
Café bouillu café foutu
Continuer la route
L'enfant sur ma hanche
Aujourd'hui on peut visiter le site se donner des frissons irradiés
Tchernobyl
Je suis la fille du volcan Khorgo de Mongolie
Pourquoi pas
J'aime imaginer
Le silence
L'odeur des chevaux
Des peaux
De l'herbe
Du vent
Je suis la fille du volcan Khorgo de Mongolie
Pourquoi pas
De dire plus jamais seule
De l'évidence du commencement
Mon impatience ma fierté
Du réveil de l'instinct
Ma force intérieure
De mes envies de mes nausées
De mes mains sur mes seins
D'une présence
Le poids
La peau tendue de mon ventre
Les premiers mouvements drôles et inquiétants
La chaleur de juillet
De ma main machinale sur mon ventre
De ne pas comprendre
La métamorphose
Le jour J
La peur de la perdre
Le tournis et l'immensité autour de moi
Le mot responsabilité
De mes mains qui porte mon ventre comme si c'était déjà elle
De mes refus d'échographie et de tout ce qui va avec
Le désir de tout bien faire
L'arrêt de la cigarette
De mes crises d'angoisses
L'eau dans le lit
Devenir sèche de lait
De mes mains sur mes reins
Du premier mot
Qu'avec la parole quelque chose s'est envolé
Le premier regard
D'une grande solitude
L'infirmière me demandant les habits pour le bébé et moi déboussolée absente
À mon tour de créer des blessures du manque
De la douleur
Les odeurs de sang de sueur de sexe
De mes mains sur ma bouche
De grandir avec elle
Le premier contact
Vouloir revoir le monde pour elle
De ma posture déhanchée
De dire plus jamais seule
Le cahier rouge pour qu'elle sache
De l'avoir relu et toute cette culpabilité
D'être mère pour la première fois
De mon petit doigt dans sa main
Ce refrain qui nous tient ensemble
Porter mon nom comme un vêtement
trop serré
trop criard
trop
le laisser silencieux sur les papiers d'identité
Changer de prénom
le choisir original pour qu'il suffise
à me nommer
Première de cordée
Vibrer ce nouveau bout de moi
Me recorder
Une possible nouvelle personne
Accordée
Prendre le large
Se faire rare
Se faire poussière
Emporter ses pieds sur son dos
Prendre la clé des champs
Filer accrochée à l'espoir de faire entendre sa voix
Devant toujours devant aux commandes sans respirer ou presque
Juste le nécessaire
Avancer
si sûre
Avancer pour l'urgence de ce qu'il faut bien dire
Avancer chaud devant
Suspendre tout
Le silence se fait écho du cri
du blues
Gestes expressions liquides
pulsations identiques
Chœur d'abrutis
Ne plus supporter le mouvement qui n'est pas le sien
Continuer faire comme si
Puis le temps
Dire oui sans se perdre
Suivre sentir ou laisser
Lancer un solo puis rejoindre le chœur
Les autres portés par l'élan le timbre de l'appel
Faire mouche au milieu d'une place qui devient sienne
Boucler le slogan du désir
Un devient multiple
Chorégraphie improvisée
En face c'est beau à voir
Les dos se redressent les bras se relient
La respiration devient commune
Une note vibrante guérisseuse se met à tourner
L'histoire est simple et peut durer longtemps
Le continuum d'une rivière éternelle
des voix à l'unisson
Ce refrain qui nous tient ensemble